lundi 6 novembre 2017

L'apologétique catholique et le néo-athéisme

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Bien que ma mère m’ait élevé selon les rites catholiques (Novus Ordo), j'ai toujours eu tendance à classer dans la même catégorie que toutes les sectes protestantes (luthérienne, presbytérienne, baptiste, etc.), le catholicisme et l'orthodoxie orientale. Depuis mon adolescence, j'avais l'impression que les croyants étaient mêlés dans leurs idées.

Quelques années plus tard, j'ai déménagé au Québec et j’ai observé une hostilité plutôt forte envers l'Église catholique ici. Je n'y ai pas trop réfléchi et j'ai passé mes premières années à m'occuper de ma propre intégration. Ensuite, j'ai rencontré un groupe de catholiques traditionnels avec qui je suis devenu ami. Lorsque j’ai parlé d’eux à d'autres personnes, on m'a dit que c’étaient des extrémistes complètement dingues. Ces commentaires provenaient habituellement de gens associés à la gauche américanisée, qui parlaient d’eux comme du groupe le plus haineux, fermé sur soi et stupide qui existe — juste après les « skinheads ». 

Absurdité totale.

Cette situation m’a fait penser aux bases catholiques de la croyance en Dieu et à ce que je voyais des gens plus athées, comme les « New Atheists », le nom donné aux idées promues par des auteurs anglophones athées défendant l'idée que « la religion ne devrait pas être simplement tolérée mais devrait être contrée, critiquée, et exposée à des arguments rationnels à chaque fois qu'elle apparaît ». Considérant la base historiquement catholique du Québec et les tendances sociales actuelles, je voulais analyser le point de vue catholique sur l'existence de Dieu afin de voir si les étiquettes calomnieuses que tant de New Atheists et leurs semblables attribuent aux traditionalistes, aux nationalistes et aux catholiques.

Beaucoup de catholiques que j'ai rencontrés sont des gens instruits et bien articulés. On leur demande souvent comment ils peuvent encore croire en Dieu quand ils sont allés à l'université et qu’ils ont lu Nietzsche et Sartre. Ils m’ont dit que, quand on efface Dieu, seules les lois de la logique et de la raison demeurent. Mais celles-ci s'effondrent rapidement quand on abandonne l’idée de la Vérité absolue. En appuyant sur une vérité relative, notre pensée sombre dans le solipsisme et le narcissisme.

Je pense que Nietzsche avait raison de souligner dans ses analyses plus aphoristiques que lorsqu’on se débarrasse de Dieu, on a tendance à voir apparaître des apologistes athées comme les New Atheists (Richard Dawkins, Sam Harris, Christopher Hitchins). En fait, Nietzsche dit qu’en réalité, ces types sont pires que les chrétiens. Il se moque même des athées de visage blême qui ressentent le devoir de convertir tout le monde à la vérité. Il dit essentiellement, dans « Par-delà bien et mal » et « Ecce homo », ceci : « selon vos propres conditions ou votre vision du monde, il n'y a pas de vérité absolue. Donc, vous n'êtes vraiment qu'une version plus caricaturale du prédicateur chrétien ».


Nietzsche place souvent les choses dans le cadre du maître et de l’esclave. Les élites étaient parmi les maîtres et le christianisme, selon Nietzsche, attirait particulièrement les plus faibles d'esprit de la société. C’était fondamentalement une moralité d'esclave. Il est mauvais d'imposer une moralité à quelqu'un d'autre et quiconque accepte une morale extérieure est faible d'esprit. Cependant, si j'accepte cette idée d'être un übermensche fort et non un chrétien faible, ne m'impose-t-il pas cette idée de moralité ? Dans son esprit, il n'y a pas de vérité universelle absolue. En d'autres termes, Nietzsche retombe sur le pragmatisme (faire ce qui fonctionne à court terme). Si seulement les esprits faibles acceptaient les moralités imposées, il s'ensuivrait que je devrais rejeter la vision du monde de maître-esclave que Nietzsche m’impose. 

Nietzsche a également influencé l'existentialisme de Jean-Paul Sartre avec l'idée que quiconque a une moralité qui lui est imposée est l’esclave. Encore une fois, si j'accepte l'existentialisme de Sartre, alors je permets à une personne de m'imposer une position morale. Alors, comment ne pas toujours être de mauvaise foi ? Comment ne pas être encore un esclave dans cette vision du monde ? Une grande partie de cela est en fait un appel à la fierté de l'homme qui pense être meilleur que les autres. Peut-être sera-t-il meilleur que beaucoup d’autres à certains égards, mais il aura toujours ses limites. Il sera toujours humain. Il n’est pas l'übermensche ni un dieu.

Mais cette vision du monde est-elle dénuée de tout fondement ? Qui s’intéresse la plupart du temps à Nietzsche, à Sartre ou aux New Atheists ? Ce sont souvent des jeunes de 18 à 22 ans, qui traversent une phase de leur jeunesse. Mais de ces phases de jeunesse émerge-t-il une vision du monde significative ? De ce que je peux voir, une partie de la puissance de la théologie catholique/orthodoxe est qu'elle fournit une vision du monde, et donc, une base pour la compréhension des trois branches de la philosophie.
  • L’épistémologie (comment nous savons des choses dans le monde)
  • La métaphysique (ce qui est réel et ce qui n'est pas réel)
  • L'éthique (ce qui est bien et ce qui est mal, la vertu contre le vice)
J’essaie de comprendre comment mes amis catholiques voient les New Atheists (qui sont, à mes yeux, les nouveaux Nietzsche/Sartre de nos jours). Il faut regarder ce qu’offre la vision du monde athée et voir si elle peut donner des explications cohérentes en regard des trois branches philosophiques. Normalement, l’athée/matérialiste se moque des catholiques sans tenir compte de ses propres hypothèses. Dans mon processus d'investigation de leur argument pour l'inexistence de Dieu, je vais voir s'ils peuvent expliquer leur point de vue.

Cela signifie de remettre en question nos hypothèses, étant donné que nous interprétons le monde à travers ces paradigmes. Jusqu'à ce que nous remettions en question nos paradigmes, nous avons tendance à interpréter les soi-disant faits ou evidences en notre faveur. Parfois, certains intellectuels parviennent même à construire des arguments efficaces pour communiquer certaines vérités (par exemple, une critique du féminisme, de la théorie du genre ou du multiculturalisme), même si lesdits arguments reposent sur des paradigmes ou des présupposés faibles (ou faux). Il faut regarder la vision du monde athée et juger si elle est cohérente.

Quand on entame un débat, on présume des lois communes de logique, de rationalité et de cohérence qui guident le débat, c’est-à-dire que les théistes et les athées acquiescent à l'existence des lois et des principes logiques réels. S'ils ne croient pas aux lois logiques et à la cohérence, alors il ne peut pas y avoir de débat.

Simplement lancer des « faits » ne mènera nulle part. C’est parce que les « faits » ne sont pas bruts. Il n'y a pas de fait qui ne fasse partie d'un contexte d'interprétation. L'idée de « faits bruts » est une idée des Lumières et un aspect du scientisme. Pour débattre et discuter, les théistes instruits utiliseraient un argument de reductio ad absurdum – un argument tiré de l'impossibilité du contraire - ainsi qu'un argument transcendantal. Ceux dans le débat comparent les points de vue des deux côtés pour juger lequel est cohérent et lequel est contradictoire.

Les New Atheists sont devenus très populaires sur l’internet (selon moi, parce que ces idées sont répandues par l’entremise de slogans et d’une rhétorique émotionnelle). Ces moyens sont beaucoup plus efficaces pour influencer les masses vers un matérialisme réductionniste et une évolution mystique que vers une analyse méthodique et cohérente. La première chose est de regarder la position de l'athée et de voir ce qu'elle offre en ce qui concerne l'épistémologie (la connaissance), la métaphysique (ce qui existe et ce qui ne l'est pas) et l'éthique (ce qui est bien et mal). Cela revient essentiellement à ceci:

L’épistémologie
Nous pouvons seulement faire confiance à ce que nous disent nos cinq sens. Les données de sens empiriques constituent le moyen le plus fiable d'interpréter et de comprendre le monde dans un sens probabiliste. Il n'y a pas de certitude absolue et aucune revendication universelle n'est possible. Nous ne pouvons avoir que des approximations (quelque chose que Bertrand Russell énonce plusieurs fois dans « L'esprit scientifique et la science dans le monde moderne »).

La métaphysique
Il n'y a pas de métaphysique. Elle est rejetée. Cependant, on prétend généralement que la réalité n’est que la matière en constante évolution (ce qui est une affirmation métaphysique, en passant...). 

L’éthique
Ici, l'athée se tourne vers une certaine forme d'humanisme laïque, peut-être le Manifeste humaniste, comme source d’inspiration de nouvelles formes d'éthique, comme ce qui est socialement accepté. 

En bref, c'est ce que la vision du monde de l'athée matérialiste peut apporter au monde.

Souvent les apologistes catholiques se servent d’un argument transcendantal, qui est une forme logique réelle donnée d'abord par Aristote. Quand les sophistes lui ont demandé comment il pouvait savoir que les lois de la logique sont vraies si l’existence même de ces lois est mise en cause ? Aristote les réfute en montrant que les lois de la logique ne sont pas empiriques, qu’elles ne peuvent donc pas être réfutés empiriquement (c’est-à-dire via les cinq sens). 

Aristote donne un argument transcendantal (livre 4 de sa Métaphysique) et dit que l'argument des sophistes est fautif. Pour nier l’existence des lois de la logique, le sophiste entre dans le débat en présupposant déjà l'existence des lois logiques, invariantes et immatérielles, ainsi que publiques, communes et universelles. Donc, il utilise les lois logiques dans l'acte même de rejeter ces lois logiques. Par conséquent, la logique et ses lois existent. 

Cette idée a été reprise plus tard par les Pères de l'Église orthodoxe comme Saint Jean Damascène. Kant essayait d'utiliser des versions de cet argument à d’autres fins. Des linguistes modernes s’en sont également servis, comme Karl-Otto Apel, qui a fourni des arguments transcendantaux intéressants sur la langue.

***

Revenons aux New Atheists et à leur vision matérialiste du monde, et prenons un peu de recul pour voir si leur position peut fournir la moindre possibilité de connaissance.

L’épistémologie
La connaissance est empirique, nous pouvons seulement savoir ce que nous savons à travers les cinq sens. L'affirmation selon laquelle « nous ne pouvons que savoir ce que nous savons par les données sensorielles » n'est pas elle-même quelque chose que l'on peut apprendre par les données sensorielles. Aucune quantité de données sensorielles ne peut communiquer cette proposition universelle que nous ne connaissons les choses que par des données de sens.

De plus, si la proposition empirique est vraie, alors le soi qui fait ces arguments empiriques n'a pas une vision empirique du soi. Je ne peux vérifier l'existence du moi, ni vérifier empiriquement que c'est le même moi que j’étais il y a dix ans. On peut croire qu’on est la même personne au cours du temps, mais quelle est la preuve empirique de cela ? S'il est rationnel de croire que le soi existe, par le simple fait d'entrer dans une conversation significative en utilisant une langue (propriétés linguistiques immatérielles), cela tient pour acquis qu'il existe un soi qui véhicule cette connaissance.

Il y a beaucoup de choses que les gens croient qui ne peuvent être vérifiés empiriquement, mais qui demeurent rationnelles. Alors, comment savons-nous qu'elles sont vraies ? Nous le savons grâce à l'impossibilité du contraire. Si je doute de l'existence du moi et renie le moi, alors je suis fondamentalement dans une sorte de solipsisme. Si vous y croyez, vous avez perdu le débat, parce que vous ne croyez plus en un domaine commun d'argumentation logique. L'argument présuppose des lois logiques communes. Les données de sens empiriques ne peuvent pas prouver une loi logique, ni ne peuvent valider la raison, ni ne peuvent prouver des entités ou des objets mathématiques.

La métaphysique
Les athées estiment qu'il n'y a pas de métaphysique. Elle était une superstition médiévale stupide et que nous avons depuis eu des intellectuels comme Locke, Newton, Galilée et Darwin ainsi que la révolution scientifique. Tout est en évolution continuelle. 

Tout d'abord, la déclaration ci-dessus est elle-même une revendication universelle (métaphysique). Comment démontrer empiriquement une revendication universelle ? David Hume a dit que les prétentions universelles présument des universaux, ce qui nous ramène à la métaphysique – qu’ils rejettent. L'empirisme ne peut cependant fournir des revendications universelles, parce qu’on aurait à être omniscient. 

Puisqu’ils croient que tout est dans un flux évolutif, alors la position qu’ils ont prise dans leurs esprits était simplement le résultat d'un processus chimique déterminé. Ce n'était pas la conscience d'un soi réel délibérant librement entre des positions et venant à la vérité et évitant le mensonge par la rationalité. C'était un processus chaotique, insignifiant et aléatoire. Donc, ils croient que toute la réalité n'a pas de sens ; que tout n'est que chaos et mouvement perpétuel. 

Cela signifie que leurs vies ne sont que chaos et mouvement perpétuel, donc une réaction chimique déterminée qui est donc dépourvue de sens. Cela signifie que leurs arguments ne sont qu'une réaction chimique déterminée et sont donc sans signification. Cela signifie que les phrases qui sortent de leurs bouches lorsqu’ils essaient de réfuter le christianisme ne sont, de leur propre aveu, qu'une réaction chimique déterminée et qu'elles n'ont donc aucun sens.

L’éthique
Dans cette position, l'éthique est impossible. 

Pour dire que quelque chose est bon ou mauvais, cela exige une référence universelle par laquelle on peut porter un jugement. Cependant , dans la position athée/matérialiste, il n'y a pas de normes universelles, tout est assujetti à l'évolution, y compris les réalités immatérielles, les principes invariants et les lois et les revendications morales – tout cela est évolutif. Comment sait-on que quelque chose est mauvais ? On ne peut pas le savoir. Peut-être que l’on n’aime pas quelque chose, mais il faut comprendre qu'il y a une différence entre la prétention de ne pas aimer quelque chose et l'affirmation selon laquelle quelque chose est moralement mauvais. Le premier est un jugement de valeur universelle et le second, une simple question de goût. 

C'est pourquoi le Manifeste humaniste ou l'idée selon laquelle « la morale est une construction sociale » n’ont aucun sens. Admettons que la société déclarait que tous les athées devraient être mis à mort. J'imagine qu’un athée dirait que cela est mauvais. Mais si son affirmation est que la morale n’est qu’une construction sociale, il n’a aucune raison de dire que c'est faux. Il pourrait ne pas l'aimer, mais cela n'aurait rien à voir avec le bien ou avec le mal. 

Une chose que les New Atheists adorent dire, c’est que la science est vraie qu'on le veuille ou non. Mais deviner quoi ? Les principes logiques objectifs sont vrais, qu’ils le veuillent ou non. En d'autres termes, on doit être cohérent. Les arguments qu'ils ont voulu utiliser pour réfuter le christianisme, les affirmations avec certitude, la connaissance des lois logiques, les principes universels – ces choses ne peuvent même pas exister dans leur vision du monde et il n'existe aucun moyen de savoir comment elles existent. S’ils demandent au chrétien de rendre compte de ses opinions, alors ils doivent faire de même. Peut-être n’aiment-ils pas ce que le chrétien leur dit, mais ses propos sont au moins cohérents. 

***

La position chrétienne/catholique n'est cependant pas seulement intellectuelle. Le rapprochement de Dieu n'est pas uniquement un tas d'équations. La seule façon d'interpréter correctement le monde est par la pénitence. Il faut régler nos cœurs et nos esprits et vivre conformément à la loi divine. Donc, en d'autres termes, il n'y a pas de syllogisme ou de problème mathématique qui prouvera Dieu, jusqu'à ce qu’on se détourne de son égoïsme et de son adoration de soi.

Les catholiques traditionnels sont souvent étiquetés à tort comme des promoteurs de discours de haine et d'extrême droite. Cependant, leur vision du monde est rationnelle et cohérente et leur critique montre que la connaissance elle-même est impossible dans la position athée. La métaphysique est un non-sens (alors qu'ils présument des vérités métaphysiques en même temps qu’ils nient des vérités métaphysiques) et l’on ne peut fournir une base cohérente pour l’éthique. Alors, pourquoi devrait-on même écouter les New Atheists ou même les justiciers sociaux incohérents lors d'une contre-manifestation dans la rue alors qu'ils brisent des fenêtres et détruisent des biens publics ?

mardi 26 septembre 2017

Le conte de deux cités

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différences entre Québec et Montréal
C'était le meilleur et le pire des temps. Les stéréotypes sont nombreux à propos de la ville de Québec. Récemment, le candidat à la mairie et chef de Québec 21, Jean-François Gosselin, a déclaré avec « élégance » qu'il est contre les rues conviviales, l'aménagement de pistes cyclables et la plantation d'arbres. Un concept, déplorait-il, qui peut mener à la suppression d'espaces de stationnement. « Moi, quand je vais sur la rue Maguire (rue commerciale du quartier Sillery) pour aller manger ou prendre une bière, je ne veux pas plus d'arbres, je veux un stationnement. Je suis pour les arbres, mais pas au détriment du stationnement », avait dit M. Gosselin. Il s’opposera au maire sortant, Régis Labeaume, notamment pour faire valoir le projet de troisième lien entre Québec et Lévis. « Toute grande ville qui se respecte a un grand périphérique. C’est le temps que nous ayons ça », poursuit-il en faisant allusion au troisième lien. Il n’est pas favorable à la SRB (Service rapide par bus), qu’il traite de projet loufoque, trop cher et que les gens ne le prendront pas. Moi non plus, je ne suis pas trop fou du SRB. J'aimerais plutôt avoir un métro ou un tramway, mais bon...

Comme l’expliquent Jean-Marc Léger, Jacques Nantel et Pierre Duhamel, à la page 155 du livre Le code Québec :
[Les gens à Québec] s’implique plus dans leur vie communautaire, s’identifient davantage à leur ville qu’à leur province ou leur pays et adore la politique municipale. C’est simple. Les gens de Québec sont des fonctionnaires qui valorisent la droite et l’entreprise privée. Ce sont des gens fiers qui chérissent les libertés individuelles, mais qui se mobilisent rapidement pour des causes communes. Bref, ce sont des conservateurs qui se rebellent et réclament des changements. Vues de Montréal, ce sont des contradictions difficiles à comprendre. C’est pour cela que plusieurs Montréalais parlent souvent du mystère de Québec.
J'ai également vu récemment une nouvelle émission de télévision intitulée Les Simone. Dans le premier épisode, une femme de Québec, qui avait passé quelque temps à Montréal pour faire un stage, attend son copain venu la chercher pour la ramener à Québec. Tous les clichés habituels s’y trouvent. Le copain n’arrête pas de se plaindre de combien Montréal pue, est bondé et sale, avec des nids de poule partout. C'est tout simplement la merde à Montréal. Or, elle n'était pas si critique et disait que la ville avait ses charmes. L’intrigue les ramène au point de rupture de leur couple quand elle a vu qu’il était sur le point d'acheter une de ces maisons typiques de banlieue, juste en face d’un cimetière. Elle est ensuite retournée à Montréal et s’est mise à faire la fête, ne voulant pas encore se stabiliser dans la vie de banlieue plus conventionnelle du Québec profond.

La dernière fois que j'étais à Montréal, je me suis arrêté dans un restaurant du Plateau. J'ai entamé une conversation avec deux serveurs et le cuisinier. En apprenant que j'habite à Québec, ils m'ont dit avoir entendu que les gens à Québec sont racistes (alors que c’est superbe, ouvert et cosmopolite à Montréal) et se sont félicités de vivre dans la métropole. Mais il faut parfois apporter un peu de contexte et de nuance. Montréal n’est pas et n’était pas le petit paradis bobo qu’on croit. Le livre « Nettoyer Montréal » de Mathieu Lapointe explique :
La génération née pendant la Deuxième Guerre ou dans l’après-guerre a vécu la longue période où Jean Drapeau régnait sans partage à l’hôtel de ville [de Montréal]. Pour elle, celui-ci était devenu l’incarnation d’un pouvoir paternaliste et inébranlable, vaguement mégalomane, insensible aux questions sociales ainsi qu’aux effets pervers d’un développement urbain moderniste axé sur l’automobile et les « grands projets » (Expo 67, Jeux olympiques, etc.).
Ensuite, il y a la controversée radio dite poubelle de la région de Québec. On entend beaucoup de choses à ce sujet, mais qu'est-ce que c'est ? Le terme péjoratif « radio poubelle » se réfère au style/contenu dépourvu de bon contenu, avec un accent mis sur un style pour attirer le plus grand nombre d’auditeurs. L'expression fut notamment employée par plusieurs médias et universitaires montréalais au cours des années 2000 pour désigner le type de radio exercé par certaines stations de la ville de Québec comme CHOI-FM (la fameuse Radio X), Blvd 102.1 ou FM93. Par exemple, les animateurs Jean-François Fillion, André Arthur, Sylvain Bouchard, Jonathan Trudeau et Stéphane Dupont représentent cette tendance pour la ville de Québec. Certaines personnes disent que ces animateurs n'ont rien de bon à dire au sujet du PQ, du Bloc ou de la souveraineté du Québec, avec un fort penchant anti-syndical, anti-féministe et anti-environnementaliste. D'autres disent même que c'est une radio de droite (permettez-moi d’exprimer ma désapprobation sur l’usage du mot « droite », car cette radio est plus de la tradition de libéralisme classique).

Un de ces animateurs, Jean-François Fillion (qui préfère s’appeler « Jeff » ; j’imagine qu’il est de l’acabit qui croit que tout est meilleur en anglais) a été la cible de nombreuses controverses, comme en 2007 quand Patrice Demers (propriétaire de CHOI-FM) et Fillion étaient condamnés à payer 593 000 $ à l'Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ), Solange Drouin, Lyette Bouchard et Jacques K. Primeau. M. Fillion a questionné la crédibilité de l'ADISQ, le copinage dans l'industrie de la musique et accusé l'ADISQ d'être une mafia où c'est toujours un même petit groupe d'amis qui se retrouve à sa tête. Il était particulièrement dur à l'endroit de Solange Drouin qu'il traite entre autres de « vache » et de « plotte ».

En ce qui concerne la langue française et le nationalisme, les stations semblent assez fédéralistes et anglophiles, même si elles diffusent leur contenu en français vers un public exclusivement francophone. Cela dit, ne serait-il pas intéressant pour eux d’au moins promouvoir la langue française au lieu de toujours avoir une crotte sur le cœur ? Quelles seraient leurs carrières sans le français ? Quelque chose me dit que M. Fillion pense que tout ce que font les anglophones est supérieur. Que ce soit vrai ou non, il diffuse toujours cette idée-là et ses auditeurs y croient. Il traite le Québec de province horrible. Il prétend que tout ira mieux si seulement on était comme les Américains. J'ai également lu que M. Demers reprochait également à Gilles Parent de ne pas être un « vrai X » (les « X » étant le surnom des auditeurs et artisans de CHOI-FM) puisqu'il ne s'intéressait pas suffisamment à la musique rock (j'imagine que cela signifie le pop-rock anglophone des États-Unis). Ça montre bien où sont leurs valeurs. Bref, c'est la droite Metallica.

Récemment, j'ai entendu l’animateur à Radio X, Jonathan Trudeau, dire sur les ondes que « si la langue française est en déclin, c’est la faute des francophones eux-mêmes, alors cessez de chialer contre les anglophones et les allophones ». Bien qu'il puisse y avoir une certaine vérité, ce n'est pas si simple. Regardez le genre de commentaires que laissent leurs auditeurs sur les réseaux sociaux. Ils écrivent que telle ou telle chose est « pathétique » ou qu'ils veulent « supporter » quelqu’un. Monsieur/Madame tout le monde ne cherchera pas très souvent les mots qu’ils utilisent dans un dictionnaire pour s'assurer de son bon usage. Traiter quelque chose de « pathétique » en français signifie qu’on est ému émotionnellement. En disant que vous supportez quelqu'un, c’est-à-dire vous le tolérez à peine, et non que vous souhaitez offrir votre soutien. Le public tue à petit feu sa propre langue et c’est en raison de l'exposition constante à l'anglais, conjuguée à de mauvaises attitudes d'anglophilie comme celles de Jonathan Trudeau. Les animateurs de la radio ainsi que le public sont incapables de constater que le fait d’être toujours entouré de l'anglais a un effet néfaste sur notre langue française. La manière de penser de Messieurs Fillion et Trudeau les empêche-t-elle de voir cette réalité flagrante ?

À bien des égards, ces animateurs ne font que manipuler les désirs primaires de leurs auditeurs. Transformer tout en spectacle ou en comédie, se moquer des gens, s’attaquer à la personne et non à ses idées, et j’en passe. Cette tactique est aussi vieille que la roue. Offrez-leur du pain et des jeux, de la simplification exagérée des sujets complexes pour que tout le monde comprenne, sans oublier de les rendre drôles pour que l’auditeur ne change pas de poste. Évidemment, ce n’est pas tout le monde à la radio dite poubelle qui se comporte ainsi, mais beaucoup si. Voilà pourquoi ils ont leurs réputations (et leur public).

La soi-disant radio poubelle de Québec, est-ce vraiment un enjeu aussi important? Je l'écoute parfois et je pense qu'il y a du bon et du mauvais. Ça me plaît quand ils grillent les politiciens et ne semblent pas avoir peur d'appeler un chat un chat. Leur style ressemble à un citoyen moyen qui se plaint de n’importe quoi en prenant quelques bières — ce qui est assez drôle. Le côté négatif se manifeste par leur anglophilie crasse (au détriment du français), leur manière de parler si souvent de la supériorité des voitures et des autoroutes et de leur aversion pour les transports en commun, qu’ils affirment que « personne n’en veut ». Nous avons besoin de plus d'autoroutes, car tout le monde a une voiture apparemment et les voitures, c’est la liberté.

Cependant, ils étaient presque unanimes pour le financement public de l'amphithéâtre (Centre Vidéotron), qui était un projet assez coûteux pour peut-être, un jour, attirer une équipe de hockey professionnelle à Québec. Est-ce que cela touche à la soi-disant rivalité entre Québec et Montréal ? Est-ce une façon d’expliquer pourquoi Québec veut tant une équipe de hockey, comme une façon de dire : « nous aussi, nous y participons ! » Je suis sûr qu'il y a beaucoup de gens attachés à leurs voitures à Montréal, et je ne suis moi-même pas anti-automobile. Mais j'aimerais également que les choses dans la ville soient raisonnablement accessibles avec les transports en commun. Pourquoi les gens ont-ils besoin d'une voiture pour aller au travail, aller au parc ou aller faire son épicerie ?

À la page 152-53 du livre Le code Québec :
Le 19 octobre 2015, le Parti conservateur remportait 10 des 12 circonscriptions de la région de Québec et 10 des 12 circonscriptions qu’il gagnait au Québec lors des élections fédérales. C’était la plus récente manifestation de ce que certains commentateurs, chercheurs et politiciens appellent le « mystère Québec », un phénomène nommé ainsi par les Montréalais pour montrer leur incompréhension devant la propension des citoyens de la vieille capitale à se comporter différemment de ceux du reste du Québec sur bien des aspects, à élire des députés plus campés à de droite sur l’échiquier politique et à moins favoriser la souveraineté que les francophones des autres régions. Pour d’autres, ce sont les Montréalais qui se distinguent du reste des Québécois. De tout temps, les immigrants ont choisi Montréal pour s’établir au Québec. La ville compte 87% des 974 900 personnes nées à l’étranger qui vivaient au Québec lors du recensement de 2011. Ce qui représente 23% de la population totale de la métropole.
De plus, la grande majorité de la population anglophone du Québec vit sur l’île de Montréal. Cela donne à la région métropolitaine un cachet, une spécificité distincte des autres régions du Québec qui sont, elles, plus homogènes démographiquement et culturellement.  La population de l’ensemble du Québec reconnaît trois grands avantages à la région de Québec : la beauté de la ville, la proximité avec la nature et le fait que cette ville est majoritairement francophone. À l’inverse, on reconnaît à Montréal son système de transport, les activités culturelles et l’accès à tous les services. La relation avec Québec est plus émotive, alors que celle avec Montréal est plus rationnelle.

Bien que Québec ait également voté « bleu » dans le passé, pourquoi les gens votent-ils généralement davantage à la « droite » (sauf au centre-ville, la circonscription de Taschereau) ? Je ne pense pas que le blâme puisse être placé dans le camp de la radio dite poubelle, au moins pas autant qu’on dit. Pourquoi existe-t-il une prétendue hostilité pour le transport en commun, mais une ouverture un peu exagérée aux voitures individuelles (et par conséquent les autoroutes nécessaires pour celles-ci) ? Pourquoi semblent-ils admirer les anglophones et parler de la façon dont des choses comme la loi 101 empêchent la croissance économique ou qu'une population anglophone en croissance ne pose aucun problème, car c’est la faute des francophones si le français est en déclin ? La radio de Québec fournit souvent une version fast-food de l'histoire, tandis que d'autres médias ont tendance à fournir une version fragmentée, ce qui rend presque impossible d'avoir une image claire de ce qui se passe dans notre société.

Alors, qu'est-ce qui se passe ? Après un peu de lecture, alors que rien de ce que j'ai observé n’explique les différences entre les deux villes, j'ai trouvé un peu de matière à réflexion. J'ai lu à propos de la réforme de l'éducation des années 1960, généralement raccourcie à la Commission Parent, qui a été une enquête sur la situation de l’éducation au Québec, avec le rapport Parent, responsable de la création du Ministère de l'Éducation du Québec, de la scolarité obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans et de la création de CÉGEP pour remplacer les établissements de pédagogie classique et catholique.

L’esprit du rapport Parent doit se comprendre à la lumière du débat sur les causes de l’infériorité économique des Canadiens français. La commission d’enquête Laurendeau-Dunton sur le bilinguisme et le biculturalisme au Canada (1963-1969) avait statistiquement démontré que les Canadiens français formaient l’un des groupes ethniques les plus pauvres au pays, suivis seulement par les Italiens nouvellement arrivés et les Amérindiens. D’ici, deux écoles historiographiques s’affrontaient pour expliquer ce phénomène — l’école de Montréal et l’école de Québec.

Pour le groupe des personnes qui préfèrent les résumés aux interminables rapports, voici un graphique rapide illustrant les principales différences entre les deux écoles de pensée :


Selon le livre « L'histoire nationale à l'école québécoise », à la page 338, l’école de Québec est une école historique de l'Université Laval, dirigée par Marcel Trudel, Jean Hamelin et Fernand Ouellet. En résumé, les historiens de l’Université Laval perçoivent la conquête britannique comme un moment parmi d’autres de l’histoire de la nation canadienne-française. De ce point de vue, la conquête aurait aussi eu des conséquences bénéfiques, particulièrement au niveau économique. Ils avaient l’idée qu’il vaut mieux avoir de bonnes relations avec le ROC et ne pas faire de vagues. En conséquence, l’école de Québec est souvent qualifiée de « bonne-entente ». Elle reprochait aux collèges classiques de ne pas inculquer « l’esprit pratique », qui faisait, d’après elle, la force des Anglo-saxons dans la « struggle for life » sur le plan économique. Notons que le concept darwinien de « struggle for life », propre à la philosophie naturaliste américaine, était le leitmotiv de tous les Canadiens français qui critiquaient la pédagogie catholique, et plus particulièrement les humanités classiques. En accord avec la vision pragmatique de l’éducation, l’école de Québec est libérale et on devrait faire un effort pour s’entendre avec les anglophones (ROC), car ils sont gentils avec nous et savent faire de l’argent.

Ainsi, du point de vue de l'école de Québec, nous devrions être plus comme les Britanniques et les protestants, mais encore demeurer catholiques et francophones ? Y a-t-il quelque chose qui m’échappe ? Cela aide-t-il à expliquer l'attitude favorable des voitures et des autoroutes pour être plus comme le stéréotype américain ?

En revanche, l'École de Montréal, établie à l'Université de Montréal, dirigée par les historiens Michel Brunet, Guy Frégault et Maurice Séguin, a été inspirée par Lionel Groulx. Elle insiste sur les effets de la Conquête britannique pour expliquer la thèse du recul des Canadiens français. À l'opposé de cette école de pensée, les historiens de l'école de Québec croient que ce recul des Canadiens français est principalement dû au cléricalisme et que l'arrivée des Britanniques au Québec a été bénéfique à tous les niveaux, en particulier sur le plan économique. L'interprétation de l'École de Montréal mène à une vision sans doute plus nationaliste de l’histoire du Québec. Elle présente la Conquête de 1760 comme une défaite militaire fondamentale ayant entravé toute la suite de l’histoire du Québec par ses conséquences politiques, sociales et économiques. Seule l’indépendance du Québec pourrait pallier éventuellement cet état de fait, si tant est qu’elle soit possible (compte tenu des politiques d'immigration de masse que nous avons aujourd'hui). La fondation du Parti québécois en 1968 et la montée du mouvement indépendantiste québécois au cours des décennies suivantes sont directement liées à l'école de pensée de l'École de Montréal.

Ensuite, il y a Rémi Guertin, qui a écrit une thèse de doctorat sur la structure de la ville de Québec dans lequel il consacre un chapitre complet sur le mystère Québec. Il estime que la ville de Québec, issue des régions, s’achèterait les signes d’une urbanité (un nouvel amphithéâtre, le projet immobilier le Phare, un aéroport neuf, un centre des Congrès) dans un effort pour oublier sa situation et pour se prouver qu’elle n’est pas une ville des fonctionnaires. D’ailleurs, c’est cette amertume qui causerait des mouvements comme les radios parlées et des concepts comme « J’ai ma place ». La frustration de toujours traîner derrière Montréal et la réalité d'être une « ville régionale » malgré son statut de Capitale-Nationale pourrait expliquer le mystère de la ville de Québec.

Une autre phrase du livre Le code Québec se déroulait ainsi : « les gens de Québec sont des gens fiers. Ils sont fiers de leur appartenance et fiers de leur réussite. Ils exigent le respect de leur différence. Ils sont la Capitale-Nationale, le centre du Québec, le cœur de la nation ».

Généralement, j'ai trouvé Le code Québec rassurant, comme une bonne tape dans le dos, pleine de compliments. Moi, j'aime vivre à Québec, mais je trouve que les gens d’ici, et plus précisément ceux de ses banlieues, vivent un désamour par rapport à leur langue, leur culture, leur histoire et leur identité francophone. Ils refusent d’assumer le rôle que la capitale du Québec doit jouer. Ils ignorent qu'à Montréal le français diminue à vue d'œil et par conséquent nient qu'ils sont aussi touchés.

Bien que je ne puisse toujours pas expliquer l'origine des différences entre les deux villes, je pense que le Rapport Parent a eu des choses intéressantes à dire sur les différences, sans expliquer les origines. Il me semble parfaitement évident que, sans indépendance, nous allons simplement disparaître. La question fondamentale est celle-ci : les gens de la Ville de Québec préfèrent-ils une petite capitale provinciale ou une capitale d’un pays avec tout ce que cela apporterait ? Le véritable contrôle de nos ressources et de notre économie, les ambassades et tout le tra-la-la. Peut-être que nous pourrions garder nos chars et aussi avoir de meilleurs transports publics !

jeudi 27 juillet 2017

La bible des justiciers sociaux, dits SJW

« English version here »


Je suis bien conscient de la présence médiatique croissante d'une certaine partie de la population qui s'identifie à la gauche politique et qu’on appelle péjorativement les guerriers de la justice sociale (SJW). Même mon petit blogue me met en contact direct avec ces gens qui, se croyant plutôt justes, pensent qu'il y a énormément d'injustices à corriger, qu'elles soient visibles ou invisibles. Ne se contentant pas de l'idée d'égalité, ils veulent faire bénéficier tous les groupes soi-disant opprimés de faveurs et de privilèges.

Vous avez peut-être déjà entendu parler de l'activiste Saul Alinsky, un organisateur communautaire américain, qu’on considère généralement comme le fondateur de l'organisation communautaire moderne. Le genre de comportement propre aux SJW, et qui se répand actuellement dans le cyberespace, n'est en fait pas nouveau du tout. Ce comportement est directement inspiré du livre d’Alinsky, intitulé « Rules for Radicals » de 1971, connu en français sous les titres : « Être radical : manuel pragmatique pour radicaux réalistes » et « Manuel de l'animateur social ». Dans ce livre, Alinsky fait la compilation des leçons tirées durant ses années passées dans le secteur communautaire afin de les enseigner à la nouvelle génération de radicaux.

Ceux qui sont maintenant appelés les SJW se disent préoccupés les enjeux de justice sociale. Or, à l’examen, on constate qu’ils sont davantage préoccupés par leur propre réputation, que par le sort de ceux qu’ils prétendent pourtant défendre. Désireux d'être considérés comme vertueux et purs, ils créent des slogans et de petites phrases accrocheuses pour attirer l’attention plutôt que de travailler à mettre en place concrètement les changements sociaux qu’ils prétendent souhaiter. Ils instrumentalisent souvent des événements historiques, pris hors contexte, pour appuyer leurs idées préconçues. Cette chronique en est un bon exemple, fournissant une interprétation erronée et parfois trompeuse de l'histoire de l'esclavage au Québec.

Les SJW recourrent à l'intimidation et à la violence verbale. C’est là une de leurs principales caractéristiques. Bien qu'ils agressent des gens et en injurient d’autres, ils jouent en même temps à la victime et pleurent des larmes de crocodile. Leur mot préféré figure invariablement dans cette courte liste : intolérance, discrimination, sexisme, racisme, homophobie, antisémitisme ou islamophobie. Ils se rencontrent généralement sur internet, car il est plus facile de publier des commentaires injurieux et outrageants sur les médias sociaux que d’agir dans le monde réel.

Dans le livre « Être radical : manuel pragmatique pour radicaux réalistes », Alinsky encourage ses disciples à identifier un « antagoniste externe » et à le transformer en « ennemi commun » de la communauté. Un politicien ou une organisation locale font généralement l’affaire. Une fois l'ennemi ciblé, les masses qui forment la communauté sont appelées à s'unir contre lui. Pour triompher de l’ennemi, on recourt généralement à la calomnie et à la diffamation. Peu importe si les accusations sont vraies ou non, ce qui compte, c'est que la représentation calomnieuse de l'ennemi demeure dans l'esprit des masses.

Alinsky encourage la protestation et les manifestations violentes. L’auteur affirme que ses stratégies ont permis à son organisation d'atteindre ses objectifs beaucoup plus rapidement qu’en ayant recours aux méthodes bureaucratiques régulières. Peut-être que ce genre de weltanschauungs ne serait pas si dangereux si les individus qui partagent cette vision du monde étaient au moins assez ouverts pour tolérer ceux qui ne partagent pas leur point de vue. Mais la radicalité de « l’extrême gauche » contemporaine a transformé la justice sociale en une idéologie totalitaire. Soit vous êtes avec eux, soit vous êtes un skinhead raciste et violent.

Voici quelques règles développées par Saul Alinsky à l’intention des radicaux :
Le ridicule est l'arme la plus puissante dont l'homme dispose. II est pratiquement impossible de riposter au ridicule. Il a également le don de rendre l'opposition furieuse, et ce genre de réaction ne peut que vous être bénéfique. 
Une tactique n'est bonne que si vos gens ont du plaisir à l'appliquer. S'ils ne sont pas emballés, c'est que la tactique n'est pas au point. À l’inverse, vos militants continueront d’utiliser une bonne tactique sans avoir besoin d'être encouragés ou motivés. Ils feront tout leur possible et proposeront même de nouvelles tactiques, car le jeu les amusera. Un bon exemple de cela est le regroupement des activistes via les médias sociaux afin de diffamer et de ruiner la réputation (personnelle ou professionnelle) de la personne ciblée, comme dans la célèbre affaire R v Elliott sur Twitter. 
En poussant suffisamment loin quelque chose de négatif, on en fait finalement un atout. Cette affirmation s'appuie sur le principe que toute chose négative comporte une contrepartie positive. Prenons par exemple la violence, qui est généralement condamnée. Cela peut susciter la sympathie du public parce que le public a tendance à sympathiser avec celui qui est « défavorisé ». Récemment, quelqu'un sur Facebook m'a dit qu'il serait en faveur de la peine de mort si cela permettait de se débarrasser de certains « groupes racistes ». La gauche a beau avoir toujours été opposée à la peine de mort, voilà maintenant que certains l’endossent, si cela leur permet de se débarrasser de leurs ennemis. En d’autres mots, la gauche se cannibalise (de l'intérieur). 
Ne sortez jamais du champ d'expérience de vos gens. Quand une action ou une tactique est complètement étrangère à l’expérience de vos militants, vous courrez le risque de susciter chez eux confusion, crainte et fuite. Cela signifie aussi que la communication a échoué. C'est pourquoi les SJW ne parlent que de ce qui est immédiat, ici et maintenant. Ils n'analysent jamais l'histoire des idées ou le fondement logique de leur vision du monde, car cela nécessiterait qu’ils effectuent recherches qui vont au-delà de leur expertise. Ils risqueraient ainsi de se tromper et de se couvrir de ridicule. 
Il faut choisir sa cible, la figer, la personnaliser et polariser sur elle au maximum. Couper le réseau de soutien et priver l'ennemi de toute sympathie. Attaquez les gens et non les institutions. On blesse les gens plus que les institutions. Rappelez-vous quand Richard Lafferty a comparé Lucien Bouchard et Jacques Parizeau à Hitler ? Ou bien comment Québec solidaire a dénigré le Parti Québécois en critiquant la défunte Charte des valeurs, comme s'il s'agissait d'un projet en cours. Les membres de QS les plus radicaux ont caricaturé ce vieux projet politique afin de diaboliser tous les membres actuels du PQ (alors qu’ils ne critiquent jamais le gouvernement fédéral).
Les gens bien ne peuvent pas utiliser les tactiques d'Alinsky parce qu’ils sont trop polis, respectueux de la loi et honnêtes intellectuellement. Ils ont du mal à s’abaisser au niveau de dépravation morale des SJW pour contester efficacement la menace croissante qu’ils représentent. Les SJW intimident les gens, tentent de soumettre ceux qui résistent et censurent la liberté d'expression des autres. Que cela pousse leur cible à perdre leur emploi ou se suicider a peu d’importance à leurs yeux. Ils se livrent à la violence et à la destruction matérielle, tout en banalisant les conséquences de leurs gestes. Les illusions dont ils se bercent sont terribles. Ils croient honnêtement qu'ils sont tolérants, ouverts d'esprit et qu’ils travaillent pour le bien de la société dans son ensemble.

En somme, ces idéologues promeuvent une vision du monde fondée uniquement sur leurs émotions et leur expérience subjective. La réalité et la vie des autres n'ont pas d'importance. La fin justifie les moyens, et ce, peu importe s’ils laissent derrière eux de nombreuses vies détruites.

dimanche 16 avril 2017

Qui sont les anglophones de Québec solidaire ?


Nos conceptions actuelles de l’égalitarisme sont issues des présupposés philosophiques des Lumières. Du nominalisme médiéval vient la tradition moderne déclarant que les objets du monde ne possèdent pas des « natures », mais on leur attribue des catégories métaphysiques et des « essences » par un cadre conceptuel humain. Donc, la nature humaine est une table rase. Une grande partie de la modernité repose sur la fausse idée selon laquelle la source des maux de l'humanité se situe dans les différences: la race, la religion, le langage, le genre, etc. Si celles-ci peuvent être effacées par un mythe révolutionnaire qui attribue toute responsabilité à la lutte des classes, à la hiérarchie, à la lutte des genres, etc., alors l'évangile humaniste peut finalement créer un genre d’utopie.

Se peut-il que certains gauchistes se rendent compte que les humains veulent des leaders et ne fonctionnent pas toujours comme des unités atomiques rationnelles ? Toujours, les gens ordinaires s'accrochent désespérément aux clichés. Les abolir exige des gens qu'ils fassent leur propre recherche, réfléchissent par eux-mêmes et prennent leurs propres décisions. Peut-on vraiment s'attendre à ce genre de comportement élitiste des gens ordinaires ? En tout cas, j’ai récemment regardé une vidéoconférence, en anglais, organisée par Québec solidaire : « Defeating the Liberals, what role for the anglophone left » et je me demande justement quel rôle a à jouer cette gauche ? Après avoir brièvement flirté avec QS en 2007-2008, je comprends assez bien leur vision du monde. Ce flirt, cependant, n'a pas duré longtemps. Maintenant, j'ai tendance à voir la gauche se mener vers une mort très douce postmoderniste, trempée dans le nihilisme. 


La conférence commence par donner la ligne habituelle sur la façon dont les anglophones utilisent des mots comme « dépanneur » et « terrasse »; nous ne devrions donc pas nous inquiéter si les francophones parlent en franglais, ce qui signifie que le français n'est en aucun cas menacé, car les anglophones utilisent quelques gallicismes de temps en temps. La première intervenante a dit que nous vivions dans un « carrefour de la culture » pluraliste, passionnant, ainsi que d'autres déclarations de type phrase fourre-tout vide et inepte.

À la suite d’une brève introduction du premier intervenant (12:50), la deuxième oratrice, Nora Loreto, a proclamé que si l'on est « progressiste », c’est fondamental de reconnaître le droit des peuples à l'autodétermination (je ne peux que deviner qu'elle se réfère spécifiquement aux nations autochtones). Selon l’intervenante n° 2, alors que la plupart des progressistes reconnaissent le droit à l’autodétermination, ils ne soutiennent pas l'autodétermination et la souveraineté du Québec.

Loreto dit que tous les peuples ont le droit de « se gouverner de manière traditionnelle ... » Très bien. Mais je me demande : qu'est-ce que «traditionnel» signifie pour un parti de gauche ? Quels sont les groupes nationaux qui ont le sceau d'approbation de Québec solidaire pour se gouverner de manière traditionnelle ? Confronteraient-elles une société québécoise catholique traditionnelle ? D'après ce que j'ai vu et entendu là-dessus, de tels groupes catholiques obtiennent généralement l’étiquette « extrême droite » et le public est porté à croire que ces groupes sont composés de skinheads radicaux et violents.

À 13:30, elle dit que nous voulons nous assurer principalement que les femmes québécoises sont au travail. Pourquoi principalement les femmes? De plus, en soutenant le droit pour les sociétés traditionnelles à l’autodétermination, je ne peux m'empêcher de me demander comment elles réagiraient si une telle société traditionnelle décidait que les femmes ne devraient pas travailler, mais plutôt rester à la maison pour élever leur famille. L'oratrice suggère-t-elle que nous devrions soutenir le choix de ce groupe alléguant que les femmes ne font pas partie de la main-d'œuvre, et ce, au nom de l'autodétermination ?

À 18:15, on précise que Québec solidaire finit souvent par se défendre dans un cadre de souveraineté de droite. Il semble que les gens ne connaissent pas leur histoire, car si c’était le cas, on saurait que la souveraineté québécoise, telle qu'on la connaît aujourd'hui, a été un mouvement à prédominance de gauche depuis la Révolution tranquille, suite à la mort de Maurice Duplessis. Très récemment, les Libéraux ont commencé à l'encadrer comme une supposée vision du monde à l'extrême droite—dans le style de partis politiques européens comme le Front national ou le Sverigedemokraterna. Ils savent que de telles programmations neurolinguistiques permettent aux gens d'amalgamer l'autodétermination et la souveraineté du Québec au nazisme, à la xénophobie et au meurtre de masse, et que de telles assertions nuisent au mouvement de souveraineté dans son ensemble (et participent à maintenir les libéraux du Québec au pouvoir).

Bien sûr, Loreto a abordé le sujet de la prétendue augmentation des nationalistes ethniques de droite au Québec comme l'une des crises les plus urgentes auxquelles notre société est confrontée — dramatisée avec quelques histoires anecdotiques concernant l'un des supposés groupes de droite portant des bannières avec des symboles de l'ère nazie, dans son quartier, à Québec. A-t-elle pris une photo du prétendu signe de l'ère nazie? Parce qu'après avoir posé des questions, on m'a dit que c'était un mensonge nu. Sérieusement, pensez-y. Il serait trop drôle et stupide pour ces groupes d'afficher des symboles nazis sur leurs bannières; ce serait le suicide social et politique. Croit-on vraiment que ces gens ont le luxe de faire quelque chose de si socialement mal vu, pour ensuite ne s'attendre à aucune atteinte à leur réputation professionnelle et à leur capacité à gagner leur vie ? Les individus composant ces groupes « à l'extrême droite » n’ont-ils pas aussi des vies, des familles, des hypothèques et des voitures à payer ? Il me semble que certains « militants » commencent avec une certaine croyance, puis cherchent à confirmer leur partialité au lieu de traiter les faits tels qu'ils sont présentés. Ensuite, quand ils ne trouvent plus rien à l'appui de leur croyance, ils exagèrent ou inventent quelque chose : « je vous l'ai dit ! La ville de Québec est infestée de skinheads. » Quoi dire à ça ?

Curieusement, Loreto a aussi dit que le groupe susmentionné distribuait des brochures appelant à un boycottage contre des sociétés multinationales comme Starbucks et à soutenir nos entreprises locales. N'est-ce pas une bonne chose ? Est-ce pourquoi on appelle de plus en plus ces personnes la « gauche régressive » ? Maintenant, elles défendent les multinationales au détriment de petites entreprises familiales.

À 19:00, la deuxième oratrice a clôturé avec d'autres propos discutables : « … [à Québec solidaire], nous proposerons les meilleurs arguments et stratégies pour éteindre [les gens haineux de toutes les manières possibles] ». J'aimerais savoir comment elle définit les « gens haineux », la « haine », et ce qu'elle entend par « éteindre ». On dirait que c’est éteindre, par la diffamation, ceux qui ne sont pas d'accord avec eux. Qu'en est-il de la défense de la liberté d'expression ? Cela signifie aussi défendre le discours qui va à l'encontre de son idéologie. Peut-être devraient-ils trouver de meilleurs arguments au lieu « d’éteindre » les gens avec d'autres opinions ?

Le troisième orateur n'avait pas grand-chose à dire, en dehors de relater, à 23:00, qu'il est un progressiste, mais pas séparatiste. Alors, est-ce que l’oratrice précédente l’aime encore ? Après tout, elle vient de dire que le fait d’être progressiste signifie le soutien de l'autodétermination/souveraineté d'une nation.

Vers 31:30, la quatrième oratrice a commencé par déclarer que « le problème » (je suppose qu’elle voulait parler de la division anglo-franco) ne concerne pas la langue, mais la lutte des « classes [sociales] ». Je dois dire que je me pose de sérieuses questions. Montréal s’anglicise de plus en plus. De nombreux nouveaux arrivants ne connaissent pas le français et/ou n’ont pas besoin de l'apprendre. Le gouvernement libéral ne fait presque rien pour la protection et la promotion de la langue française. Comment peut-elle simplement écarter ce que la première oratrice a déclaré dans son introduction concernant la diversité linguistique qui fait de Montréal « l'une des capitales culturelles du monde » ? Le français est au centre de ce débat, un enjeu pour lequel QS a toujours été mou et tiède. Il s'agit d'un faux-fuyant typique chez les anglophones pour détourner l'attention du problème très réel de l'anglicisation de Montréal et couper les cheveux en quatre sur le vieux charabia marxiste fatigué à propos de la lutte des classes sociales. Ils ne seraient même pas là en train de discuter de tout cela si le Québec n'était qu'une autre province anglophone ou un État américain.

Vers 34:00, elle soulève de l’information douteuse, similaire à celle qu’a déclarée l’oratrice n ° 2 : que le soutien du mouvement souverainiste a été, pour la plupart des organisations nationales et racistes, de l’extrême droite. Encore une fois, quiconque possédant certaines notions d'histoire québécoise saurait que le mouvement souverainiste post-Révolution tranquille était principalement de gauche. Comment peuvent-ils continuer à affirmer de telles mystifications ? Et qu'en est-il de Québec solidaire? Ne font-ils pas partie du mouvement souverainiste ? Est-ce pour dire qu'ils sont de droite, eux aussi ?

Cette oratrice affirme également qu'elle pense que Québec solidaire possède le programme le plus intéressant au Québec, mais elle ne donne aucun exemple de la supériorité de son programme. Et elle se penche sur la raison pour laquelle Québec solidaire n'obtient pas le vote des immigrants et des autochtones. Ben là, c'est facile ! Parce que les personnes tombant dans ces catégories votent majoritairement pour les libéraux. C'est pourquoi QS a besoin d'une convergence avec le PQ. Il n'y a pas d'autre moyen de le faire. La majorité des immigrants et des autochtones ne vivent pas dans le Mile-End ou sur Le Plateau-Mont-Royal. Ils ne voient pas les choses à travers le même prisme que QS. De plus, à 35:30, elle dit que Québec solidaire est trop « pale, male and stale (and francophone) » (pâle, masculin, vieux et francophone). Apparemment, les hommes blancs, francophones (et plus âgés) ne sont pas les bienvenus.

À 36:00, tout en abordant vaguement une éventuelle convergence PQ-QS et en diabolisant le Parti québécois (qu'elle appelle, de mauvaise foi, le Parti Québecor), elle demande : « pourquoi allions-nous nous associer à un parti qui ne questionne pas la structure politique économique ou démocratique qui est justement notre problème ? » Encore une fois, elle parle de la lutte des classes et soutient que la souveraineté n'est pas une base assez solide sur laquelle le PQ et QS peuvent s'allier. Quand les militants de QS se rendront-ils compte que rien ne peut se faire sans la souveraineté ? Aucune de leurs idées grandioses ne peut advenir sans l'autodétermination qu'ils prétendent soutenir. Même Gabriel Nadeau-Dubois (candidat du co-porte-parole masculin de Québec solidaire) l’a reconnu dans son discours de lancement de campagne.

En ce qui concerne les « nouveaux anglophones » de Montréal, elle réduit les Indiens et les Pakistanais à des misérables qui essaient désespérément de gagner leur vie, ce qui implique que de s'attendre à ce qu’ils apprennent le français est cruel et sans cœur. Veut-elle dire que ces personnes n'ont absolument aucune responsabilité sociale/linguistique envers la société qui les accueille ? En les comparant à l'oppresseur historique anglophone de Westmount, elle les place dans une position de non-agression. Je sais que la gauche aime voir tout dans les binaires : oppresseur contre opprimé, homme contre femme, la bourgeoisie contre le prolétariat. Cependant, la vie n'est pas aussi simple que la dialectique oppresseur/opprimé. Bien que les sud-asiatiques (anglophones) dont elle parle ne soient pas les anglophones historiques riches et blancs, l'idéologie derrière le multiculturalisme les instrumentalise en sa faveur. Donc, dans cette vision du monde binaire, alors qu'ils ne sont pas des oppresseurs directs, ce sont des outils de cette oppression contre la langue française, car le résultat final, c’est une anglicisation accrue de Montréal, plus de tension entre les différents groupes ethniques et plus de division politique entre l’anglophone et le francophone.

Vers 40:00, elle réitère également le vieil adage selon lequel « les Italiens ont été refusés d'entrée dans les écoles françaises », ne semblant pas être au courant de la crise de Saint-Léonard qui a largement contribué à la situation linguistique derrière la loi 101. Je sais que, il était une fois, certains Italiens se sont sentis rejetés dans les écoles catholiques de langue française, mais comment peut-on croire cette histoire caricaturiste des méchantes religieuses françaises qui étaient si cruelles envers les pauvres Italiens, les conduisant dans les gentils bras ouverts des écoles de langue anglaise ? Sur quoi base-t-elle cette perception ? Quelques histoires anecdotiques ? Quoi qu'il en soit, j'ai déjà abordé ce sujet dans mon texte « Anglophones qui se prennent pour des allophones ».

Une dernière chose incongrue. Elle a dit que la langue parlée par quelqu'un ne définit pas ses points de vue politiques. N’a-t-elle jamais vu une carte électorale ? Les circonscriptions où la langue anglaise est parlée plus couramment sont toujours, sans exception, libérales.

Vers la fin, à 45:00, Amir Khadir a déclaré que les militants de Québec solidaire étaient trop paresseux de ne pas faire plus pour atteindre les anglophones, ce qui est vrai. Il se demande pourquoi le message de Québec solidaire, si inclusif, si bon, si juste, n'a pas atteint les masses qu'ils attendaient dans leurs débuts en 2006. Eh bien, probablement parce que Québec solidaire refuse de coopérer avec d'autres partis qui devraient être leurs alliés souverainistes.