mercredi 13 juin 2018

Véganisme : religion de substitution

Depuis que j’ai quitté mon petit village natal pour déménager en ville, j’ai commencé à rencontrer des végétariens. En 1999 à l’Université du Minnesota, c’était déjà assez à la mode. J’ai même rencontré à l’époque des végétaliens (ou véganes, si vous voulez). Je n’avais pas vraiment d’opinion sur la question. Vingt ans plus tard, les choses sont plus claires pour moi.

En gros, je ne suis pas contre le fait que quelqu’un adopte un régime alimentaire végétarien. Peut-être que les organismes de certaines personnes fonctionnent mieux avec moins d’aliments d’origine animale. Je crois que les végétariens ont raison de critiquer les fermes industrielles. Mais quand ils se servent de ça comme prétexte pour s’abstenir de manger toute viande, je trouve ça problématique. Ils ne prennent pas en compte les petits agriculteurs et les fermes familiales, et leur capacité de produire une viande de qualité qui n’est pas nuisible à l’environnement.

Les véganes sont toujours très minoritaires. Aux États-Unis, selon les sources, on peut estimer qu’ils constituent entre 0,5% et 2 % de la population. Ce qui est curieux, c’est que même s’ils sont peu nombreux, des géants de l'industrie de la production de viande, par exemple Cargill, vendent leurs derniers parcs d'engraissement pour se tourner vers la production de protéines végétales. Pourquoi Cargill change-t-il la totalité de son activité pour 1-2% de la population ? Les promoteurs du véganisme disent souvent que leur mouvement est marginalisé et que « l’industrie » puissante de la viande tait les bénéfices d’un régime alimentaire à base de plantes (le « plant-based diet » comme tout le monde l’appelle en anglais). Mais ce genre de régime alimentaire est aussi promu par l’ONU, Jacques Attali, Bill Gates, Alvin Toffler, Greenpeace, plusieurs libertariens, l'institut Tavistock, etc. Il y a aussi l’Agenda 21, qui se concentre sur l’objectif du développement durable et qui comprend la réduction voire l’élimination de la consommation de viande afin de rendre les pâturages accessibles à la culture du blé, du maïs et du soya pour la consommation humaine. Bref, il est clair que ce sont les élites qui obligent les masses à « choisir » le véganisme comme mode de vie.

véganisme religion de substitution

Les promoteurs du véganisme veulent incarner une nouvelle classe sociale – instruite, chic et urbaine. On se prend pour des experts – une nouvelle classe de prêtres et de prêtresses de la secte végane. On n’a de cesse de citer des études (cautionnées par des comités de relecture), qui « prouvent » ce qu’on avance. 

Mais sont-ils conscients, par exemple, que la rédactrice en chef de la revue The Lancet affirme que la moitié de tous les articles publiés dans des revues professionnelles sont faux ? Dre Marcia Angell, médecin et rédactrice en chef de longue date du New England Journal of Medicine, considérée comme l'une des plus prestigieuses revues médicales évaluées par les pairs dans le monde, donne une idée assez claire de ce sujet: 
« Il n'est tout simplement plus possible de croire à une grande partie de la recherche clinique publiée, ou de se fier au jugement de médecins ou à des directives médicales faisant autorité. Je ne prends aucun plaisir à cette conclusion, que j'ai atteinte lentement et à contrecœur, au cours de mes deux décennies en tant que rédactrice en chef du New England Journal of Medicine. » (traduction libre) 
Il y a autant d'études (crédibles) qui disent le contraire des défenseurs de la religion végane. Que nos organismes ne peuvent intégrer d’une manière efficace la valeur nutritive qu’on pourrait trouver dans un régime alimentaire à base des plantes. Il existe de nombreuses sources, à commencer par la fondation Weston A. Price. Le « China Study » a été méticuleusement discrédité par la blogueuse Denise Minger, anciennement végétalienne crudivore. Ce qu’avance le livre de la Dre Kate Rhéame-Bleue sur la vitamine K2 mérite aussi l’attention des lecteurs. Et ainsi de suite.

Les véganes croient que les animaux sont l'équivalent des humains et ils considèrent que les tuer pour se nourrir est l’équivalent d’un meurtre. Ceci est notamment problématique sur le plan axiomatique. Ils prétendent vouloir de la compassion pour les « êtres sensibles », sans savoir d'où viennent les idées comme la compassion. Ils échouent à établir la base de pourquoi nous, les êtres humains, devrions être charitables. Avec une vision du monde empirique et matérialiste, il n’y a pas d’axiome qui puisse mener à une telle conclusion.

Le fait est que nous, les humains, ne sommes pas seulement des animaux. Nous avons un mystère en nous (on l'appelle souvent le noûs ou l’âme – une capacité à percevoir qui va au-delà de celle de la bête) qui vient de quelque chose de mystérieux et de divin. Ceci est le rocher sur lequel toute notre civilisation est construite. Je comprends que les gens ne veulent pas entendre ça. Ils veulent être des empiristes matérialistes. Ils pensent qu'un humain est la même chose qu'une baleine ou qu'un chat parce que nous sommes tous des mammifères. Ils disent qu’ils ne veulent pas tuer des êtres sensibles. Je me demande s’ils laisseraient vivre un rat qui entre dans leur chambre ? C'est un être sensible, après tout.

Et qui nous dit, après tout, que les plantes, elles, ne souffrent pas. Pour dire la vérité, nous n’en savons rien. Pour le dire avec la célèbre auteure Marguerite Yourcenar (Mémoires d'Hadrien) :

Marguerite Yourcenar véganisme végane

J’entends souvent que les véganes ont plus de compassion et de patience après avoir adopté le régime alimentaire végane (seraient-ils plus dociles ?). Il est également connu que l'une des façons de domestiquer les êtres humains est de leur donner un régime alimentaire qui les rende plus faciles à gérer. Cela fait l’objet d’une discussion dans la République de Platon (Livre II) où il est dit que les masses (qui sont stupides et qui doivent être dirigées par la propagande… bref la théorie du noble mensonge) doivent manger un régime composé de céréales afin qu’elles tiennent leur rang et qu’elles puissent être plus facilement contrôlées. Accessoirement, cela leur permettrait de rester heureux dans leur simplicité. 


***

Je pense de plus en plus que le Québec doit cesser de puiser toutes ses idées des modes et des courants sociaux des États-Unis (d'où proviennent toutes les informations que les véganes utilisent). Tout cela ne fait que nous diviser encore plus. Il n'y a pas de culture unifiée aux États-Unis et il n'y en a jamais eu. Qu’on le veuille ou non, sous l'Église catholique « diabolique », le Québec était beaucoup plus unifié. Maintenant, on a remplacé le catholicisme par des intérêts particuliers, certains frôlant le sectarisme – pensons ici au véganisme. Certains parmi eux se croient angéliques parce qu’ils n’utilisent pas de savon testé sur les animaux. Au lieu de se confesser à l’église comme faisaient leurs grands-parents, ils se purifient en boycottant des produits d’origine animale. D’autres se définissent en tant que libertariens. D’autres sont des athées radicaux qui pensent que la laïcité résoudra tout. L’indifférence face au mouvement souverainiste, par exemple, en est un des résultats. Nous ne sommes plus unifiés, voilà pourquoi nous sommes faibles.

Dans le livre « The True Believer », Eric Hoffer dit qu’aucune doctrine, aussi sublime soit-elle, ne sera prise au sérieux si elle n'est pas présentée comme l'incarnation de la seule et unique vérité. C'est pourquoi une doctrine ne doit pas être comprise, mais qu’elle doit être crue. L'important est que la nouvelle classe de prêtres et de prêtresses parle de ses idéaux avec conviction et confiance. Dans ce contexte, l'auditeur se dira : « hum, leurs preuves sont faibles, mais ils ont tellement de conviction dans leur voix que ça doit être la vérité ! » 

Je crains pour l'avenir lorsque je vois des « soy boys » et des filles qui portent des lunettes hipster, parler d’« empathie » et de « compassion ».