mardi 3 avril 2018

Reconnaître le fascisme ?


Il y a quelques années, j'ai lu l’essai « Reconnaître le fascisme » d'Umberto Eco. Récemment, j'ai vu que l’émission « Plus on est de fous, plus on lit » en parle du point de vue problématique de Pierre-Luc Brisson et de Marie-Louise Arsenault. Alors, il fallait que je rédige quelque chose là-dessus !


Cet essai prend une position réactionnaire, basée sur l’émotion. Il a une apparence de logique et de cohérence, mais il ne se sert qu’à des catégories d’idées larges et vides, telles que la liberté, la démocratie, les droits, l'égalité, etc. Ici, Brisson donne une « analyse » de cinq minutes du texte. Ne vous attendez pas à une familiarité avec la théorie mathématique, la philosophie continentale ou la méta-logique. Ici, vous aurez de la philosophie pop et de la psychologie pop. Des universitaires comme Umberto Eco (et, par extension, Brisson) vantent toujours des codes universels de normes morales d'éthique. Puis ils épousent le relativisme total. Ils sont représentatifs de la Gauche universitaire moderne, comme on le voit dans les arguments d'Eco.

Eco parle d'avoir aimé l'Italie fasciste en tant que gamin. Puis il a entendu à la radio la « Voix de Londres » (anglophone bien sûr), et a commencé à changer d'avis. Il a finalement abandonné le « fascisme » grâce au chewing-gum (oui, il dit ça), qui lui a transmis les possibilités de liberté. Il y avait aussi un Américain noir (un des soldats alliés) qui avait des bandes dessinées qui l’ont tellement impressionné que, sapristi, c'est donc ben hot aux États-Unis ! (Petite note : des libéraux intellectuels ultra snobs européens comme Eco, normalement ils détestent l'Amérique)

Eco parle d'Evola, d'Ezra Pound et du mysticisme du Graal, qualifiant tout cela d'idiot (même s'il a fait beaucoup d'argent à ce sujet, comme dans Le pendule de Foucault). Il pense que c'est ridicule l'idée de « l'art corrompu ». Je m’excuse, mais il y a de l'art corrompu. Les choses qu'il mentionne, comme le cubisme, cela est dégénéré (même l'école de Francfort l’a dit). Mais pour Eco, la culture toxique n'est pas réelle.

Il critique le « fascisme éternel » (Ur Fascisme), une « guerre éternelle » que la gauche doit combattre. Ceci dit, qu'est-ce que je dois comprendre pour ne pas devenir « Ur Fascistes », selon cette incarnation de l’intellectuel européen progressiste socialiste libéral d’Eco ? Tout simplement, je dois être contre toute forme de tradition, parce que celle-ci rejette la modernité. Les « fascistes » rejettent le libéralisme moderne des Lumières au profit de l'irrationalisme. Mais le hic – cela suppose que les Lumières étaient rationnelles, ce qui n'a pas été démontré.

Eco dit que les fascistes encouragent l'héroïsme et que les soldats ne sont que des idolâtres des héros qui aiment jouer avec leurs armes à feu. Selon Eco, cela montre qu'ils ont un problème phallique. Il pense se montrer intelligent en critiquant l'héroïsme. Mais au fond, Eco se voit sûrement comme un héros libéral. Avec toutes ses félicitations et récompenses académiques, ses livres et les films d’après ses œuvres, je ne peux que deviner qu'il se prenait pour supérieur (voire héroïque). Son soi-disant démantèlement de l’idée du héros ne semble pas crédible. En outre, il a décrit plus tôt dans l'essai les Alliés comme des héros. Les Alliés sont-ils également soumis à l'obsession phallique de leurs armes ? Deuxièmement, sommes-nous supposés croire qu'il y a un problème sexuel chez les gens de droite ? La bestialité, la pédophilie, les fouets BDSM et les menottes (à la Michel Foucault) ne sont pas promus par les sympathisants de la droite. C’est plutôt les gens dans le camp d'Eco qui encouragent de telles choses. Ce sont des gens comme Michel Foucault qui sont allés aux saunas la nuit et ensuite ont écrit des livres sur la « punition ».

Eco pense que c’est la droite qui est orwellienne, mais rien n'est plus orwellien que le libéralisme britannique. Pensait-il vraiment qu'Orwell parlait de Mussolini ? Orwell parlait du socialisme fabien, qui est la version du libéralisme préférée par Eco (et Brisson, j’imagine). La novlangue et libéral-langue sont tous deux issus de la tradition libérale d'Eco. Mais quiconque est en désaccord avec eux est qualifié de fasciste.

Eco croit que la majorité démocratique est sacrée, mais il a désacralisé l'univers entier avec sa vision libérale du monde. Peu importe, il conteste qu’il y a pourtant une sainteté inhérente chez les masses démocratiques (qu'il méprise d’ailleurs). Brisson a répété la cassette du « populisme » (un autre mot dénué de sens, comme le fascisme) sur la façon dont, dans le Midwest américain, il s'est enraciné du « populisme » après la délocalisation des emplois. Eh bien, s'il n'avait soudainement aucun travail, lui, et aucun revenu, ne serait-il pas contrarié aussi ? Ce n’est pas tout le monde qui peut être pseudo-intellectuel, vivant des bourses pour faire de la recherche inutile (inutile dans le sens de sa vision libérale du monde). Le libéral démocrate ne respecte pas les droits individuels. Les Antifas/justiciers sociaux tabassent tous ceux qu'ils n'aiment pas. Pourquoi ? Parce qu'ils sont possédés (comme disait Dostoïevski dans « Démons ») par leur idéologie. Si vous êtes un homme blanc hétéro, vous êtes un fasciste.

Eco dit que « Ur fascisme » pourrait revenir à tout moment et qu’il est de notre devoir de le découvrir et de le pointer du doigt. Eh bien, je pointe mon doigt vers Eco (et ceux qui le suivent). Et je ne parle pas de mon index. La position d'Eco est le vrai fascisme. Son fascisme libéral est le pire, parce qu'il prêche la tolérance, alors qu'il détruit la vraie tolérance.